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PREMIÈRE PUBLICATION

ALBAPETRA

Albapetra, premier roman de Sama

Le livre

Dans un monde voué aux vents contraires, les âmes, les créatures, les entitiés d'Albapetra ont conscience de leur exceptionnelle destinée. Leur universalité ouvre des brèches dans la sauvagerie du temps et révèle le meilleur de l'humanité. Au village, Ils et Elles sont des survivants et survivantes, incarnant, sans tambour ni trompette, une présence au monde résolument orientée du côté de la lumière.

192 pages, 125 x 190 mm

Roman

Époque: XXe siècle

ISBN: 9782916698090

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©Alice Marc
Pierre Bongiovanni

Pierre Bongiovanni oeuvre dans différents domaines de la production artistique depuis quatre décennies. Auteur, éditeur de revues, réalisateur, commissaire de manifestations artistiques nationales et internationales, il a créé et dirigé le Centre international de création Vidéo Pierre Schaeffer, puis a conduit la préfiguration du chantier de la Gaîté Lyrique à Paris. Il se consacre à l’écriture et aux activités de la Maison Laurentine, centre de recherche et de création artistique.

L'auteur

Extrait

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voix de RACHEL DEGHATI

Diego

Diego a les yeux veloutés des chanteurs de Tango argentins spécialisés dans le désespoir amoureux. Capables de faire pleurer les madones d’un seul clignement d’yeux, ces hommes ont aussi une manière très particulière d’avancer à petits pas, les fesses rondes ultra moulées dans des pantalons de parade qui donnent le tournis, aux adolescentes comme à leurs grands-mères, réunies par miracle, pour enjamber lestement tout conflit de générations, par l’aimantation irrésistible des rotondités masculines.

Les soirs de milonga, dans les banlieues pourries du grand Buenos Aires, Diego, solidement arrimé à la rampe du bar, jouait sans scrupule de ses roucoulements musculaires. Alors la température atteignait des sommets, les fronts ruisselaient, le niveau sonore du bouge rendait les hommes fous et les rares touristes arrivés jusqu’ici avaient peur soudain que tout s’embrase. Cela ne manqua pas d’arriver un soir de juillet, alors que dehors la rue semblait figée dans le froid glacial de cet hiver livide. Tout partit donc en fumées, épaisses et âcres, et l’on vit des silhouettes hagardes et titubantes quitter le brasier et s’enfuir en tous sens dans les rues désertes avoisinantes.

Réfugié, lui aussi, depuis des lustres, à Albapetra, Diego raconte son histoire à qui veut bien l’écouter encore. Et s’il est seul, il la raconte quand même aux courants d’air qui se chargent de répandre la nouvelle de maison en maison.

Diego le mélancolique pense encore à la petite Riviéra qu’il perdit ce soir-là dans la malédiction des flammes destinées aux pauvres. Ces flammes qui ne purifient rien, étouffent et ruinent davantage le désir de chanter. Albapetra est aussi le refuge des anges déchus.

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